Les gros clichés : à quoi ça ressemble de s’expatrier dans une destination de vacances ?

Qui n’a jamais rêvé de vivre dans une destination ensoleillée, où le train-train métro-boulot-dodo aurait des airs de vacances toute l’année ? Il faut avouer que ça donne envie ! Et je sais de quoi je parle, puisque j’ai eu la chance de pouvoir réaliser ce rêve que j’ai toujours eu dans un coin de ma tête : partir vivre sur une île paradisiaque pour quelques années. Mais alors, à quoi ça ressemble de s’expatrier dans une destination de vacances ? Et est-ce qu’on vit vraiment en vacances toute l’année ? Voici les plus gros clichés que j’ai pu entendre sur le sujet !

Cliché n°1 : tu ne travailles jamais

C’est l’une des phrases que j’ai le plus entendu au cours de mes expatriations ! Lorsque l’on vit dans un pays où il fait entre 25 et 30°C toute l’année, il faut croire qu’on n’est plus capable de travailler. Vous l’aurez compris, c’est une idée reçue totalement fausse. Peu importe que l’on vive sous les cocotiers, au bord d’une plage paradisiaque, ou dans une grande ville européenne, comme tout le monde, on travaille. D’ailleurs, l’expatriation commence parfois par une belle opportunité professionnelle, avec des attentes et des résultats à fournir. Certes, le cadre de vie et le climat sont généralement plus agréables dans certains endroits que d’autres. Remplacer le périph’ parisien aux heures de pointe par une route bordée de cocotiers, j’avoue que ça donne quand même plus envie d’aller au travail le matin !

Cliché n°2 : tu es sur la plage toute la journée

Ce 2e cliché revient aussi très souvent. Si on vit sur une île, ou dans une destination « vacances », on passe forcément notre vie au bord de la mer ou de la piscine ! Détrompez-vous, ce n’est pas parce que l’on vit au Mexique, au Costa Rica, en Asie du Sud  ou à Abu Dhabi que c’est vrai. D’abord, nous avons tous des habitudes différentes : certains aimeront passer plus de temps que d’autres sur la plage. Mais il faut également rappeler que la journée, nous, les expatriés, on travaille (voir cliché n°1), quel que soit notre choix de destination ! Et oui ! Nous n’avons donc pas réellement le temps de passer nos journées à lézarder au soleil au bord de nos plages paradisiaques. Bien qu’en vivant sur une île ou dans une destination « vacances », il est vrai qu’on a tendance à en profiter plus souvent. Rappelons que, comme tout le monde, nos journées sont rythmées par les contraintes du quotidien : horaires de travail, école des enfants, rendez-vous médicaux ou administratifs, etc… Ce n’est pas parce qu’on vit dans une destination idyllique que nos vies sont totalement différentes de celles des autres !

… Et tu es bronzé toute l’année

Et donc, contrairement à ce qu’on pourrait croire, non, nous ne sommes pas bronzés toute l’année ! En France, l’été, on fait le plein de soleil et de vitamine D, mais lorsqu’on a du soleil et un climat agréable toute l’année comme aux îles Canaries, on s’en protège et on a tendance à l’éviter ! Il est même rare qu’on s’expose aux heures les plus chaudes de la journée. Voilà les raisons principales pour lesquelles les expatriés sont souvent moins bronzés que leurs compatriotes français en été.

Cliché n°3 : l’hiver en France ne doit pas te manquer

Détrompez-vous ! Ce n’est pas si facile de ne pas avoir de saisons comme dans l’Union Européenne. Au mieux, nous avons une saison sèche et une saison des pluies, mais l’écart des températures reste léger dans nos pays d’adoption.

Alors lorsque l’ont vit dans un pays à l’éternel été indien, c’est vrai que la population est accueillante, Noël se fait en tongs et forcément… Nos pulls, écharpes, bonnets et manteaux restent au placard. Ils n’en ressortent que lors de nos retours en France pour les vacances d’hiver. Il faut l’avouer, parfois, nous rêvons d’un bon feu de cheminée avec en toile de fond une montagne enneigée (mais pas trop longtemps quand même !).

Cliché n°4 : c’est un meilleur pays pour vivre : le mode de vie est plus relax

C’est vrai qu’on ne passe pas toute notre vie à la plage, mais il faut avouer tout de même que dans ces pays de « vacances » où le climat est doux, le mode de vie est souvent plus relax. Que ce soit dans le cadre du travail ou dans la vie quotidienne, le rythme de vie dans les pays chauds est généralement plus détendu. À l’île Maurice, par exemple, pour parler de ce que je connais, les relations professionnelles sont moins formelles : on a le tutoiement facile, on partage des afterworks dans le sable (des plages paradisiaques mauriciennes) et le costume-cravate est laissé au vestiaire. Les horaires de travail sont bien plus flexibles qu’en France et les Mauriciens comme les expats privilégient leur vie personnelle à leur vie pro : hors de question de passer trop de temps enfermé devant son ordinateur ! Cela n’empêche pas pour autant que le travail soit fait consciencieusement.

Même état d’esprit au Sénégal, où j’ai vécu 5 ans : par exemple, les enfants terminent l’école en début d’après-midi et le reste de la journée est consacré aux activités extra-scolaires. Une petite session de surf après l’école, ça vous dit ?

En revanche, il ne faut pas oublier que dans certains pays, la circulation est particulièrement dense et les embouteillages peuvent être une grande source de stress quotidienne ! Alors, c’est peut-être toujours mieux que le métro parisien aux heures de pointe, mais c’est loin d’être de tout repos, surtout lorsque le code de la route est inexistant.

Cliché n°5 : tu es dans un pays où la vie n’est pas chère

Le coût de la vie varie énormément selon la destination dans laquelle on s’expatrie, mais aussi selon notre mode de vie sur place. En Thaïlande, par exemple, une destination prisée des expats français, il est vrai que la vie est moins chère qu’en Europe et offre la possibilité de se loger, de s’alimenter, ou même de voyager, à des prix véritablement attractifs. Cependant, dans des pays comme l’Australie, l’Arabie Saoudite, Singapour ou le Costa Rica, le coût de la vie quotidienne est bien plus cher ! Si vous souhaitez conserver un mode de vie occidental, avec un logement d’un bon standing, faire vos courses au supermarché et vous offrir quelques petits plaisirs avec des produits importés, attendez-vous à voir votre budget exploser.

Un conseil : faites vos courses le plus possible dans les marchés, où vous trouverez les mêmes produits de base qu’au supermarché mais à des prix moins élevés. Si vous aimez manger au restaurant, favorisez la cuisine locale et les petits restaurants populaires : vous mangerez parfois mieux que dans certains restaurants occidentaux et pour moins cher !

Cliché n°6 : tu gagnes beaucoup d’argent

On croit souvent que partir vivre à l’autre bout du monde permet de gagner très bien sa vie. Il est vrai qu’en règle générale, les « vrais » expatriés, c’est-à-dire ceux qui partent en contrat d’expatriation via leur entreprise, bénéficient d’une facilité d’installation et d’un package attractif : un salaire plus élevé qu’en France, une voiture, la prise en charge du logement, de la scolarité des enfants, de l’assurance maladie, etc… Ces expatriés sont en général favorisés par rapport à l’économie du pays. Mais tous n’ont pas cette opportunité professionnelle. Du digital nomad au salarié en remote, en passant par ce que j’appelle l’expat « do it yourself » (celui qui part vivre à l’étranger par ses propres moyens, sans contrat de travail), l’expatriation aujourd’hui existe sous de multiples formes. Échangez avec les communauté d’expatriés dans le monde entier et vous verrez que nombreux d’entre eux n’ont pas un niveau de vie élevé, voire vivent plutôt à la mode « locale ». C’est d’autant plus possible dans certains pays où l’économie permet de vivre avec des revenus moyens.

Cliché n°7 : tu manges des produits exotiques tous les jours

Lorsqu’on arrive pour la première fois en Asie, en Afrique, ou sur une île de l’océan indien, bien-sûr que l’on a envie de goûter à toutes ces nouvelles saveurs que l’on découvre. Ananas à manger sur le pouce au bord de la plage au Costa rica, fried-rice thaï dans une petite gargotte locale, ou encore rougaille saucisses bien relevé… cela donne envie ! Mais ne croyez pas que les expats se délectent de ces saveurs exotiques matin, midi et soir. Au bout de quelques mois, passée la période de la lune de miel et l’excitation de la nouveauté, l’appel de la gastronomie française se fait sentir. On se met alors à rêver d’un bon poulet rôti du dimanche ou d’un apéro charcuterie et fromages. Le bon compromis se trouve certainement quelque part entre de bons plats locaux à l’extérieur et une touche de cuisine occidentale à la maison.

Cliché n°8 : tu n’as plus envie de rentrer en France

C’est vrai que nous, les expats français, nous entendons souvent les mêmes remarques : « tu ne vas plus jamais vouloir rentrer », « ta vie a l’air tellement bien là-bas », « tout doit être si facile »…. Oui, nous avons une chance exceptionnelle de pouvoir vivre de telles expériences dans des pays où la vie est vue comme plus douce. Mais, comme partout, rien n’est parfait et vivre au soleil ne signifie pas que nous ne rencontrons jamais de difficultés ! Être loin de son pays, faire face à la barrière de la langue, s’acclimater à une nouvelle culture… cela n’est pas toujours facile au quotidien, et le manque de nos familles et de nos proches se fait souvent sentir ! Les différences culturelles impliquent aussi de devoir sans cesse s’adapter aux populations locales, se remettre en question et sortir de sa zone de confort. Alors, si nous avons appris à vivre avec cela, il n’est pas rare que l’on ait parfois envie de prendre un aller simple pour la France ! Même en étant expatriés à l’autre bout du monde et même dans un pays où le coût de la vie est moindre, notre cœur balance sans cesse entre notre pays d’origine et notre pays d’adoption. Nos souvenirs d’enfance, nos références, notre culture, nos familles, sont dans notre pays d’origine et un retour en France régulièrement est indispensable à notre équilibre !

Cliché N°9 : tu es privilégié de partir vivre à l’étranger

Oui, nous sommes privilégiés, c’est indéniable ! Nous vivons des expériences incroyables, faisons des rencontres inoubliables, et découvrons des paysages aussi variés que paradisiaques dans nos pays d’adoption. En tant qu’expatriés français, nous sommes d’autant plus privilégiés car nous venons d’un pays à l’économie développée et ayant une relative stabilité politique. cela nous permet d’acquérir plus facilement des visas tourisme ou de travail parfois même au détriment des populations locales.

Mais cette vie ne se construit pas en un claquement de doigts et ne se fait pas sans sacrifices. Dire d’un expatrié qu’il est privilégié est un jugement de valeur qui ne prend pas en compte les différents contextes de vie propres à chaque expat. Si l’on parle de l’expatrié classique, qui est envoyé par son entreprise pour occuper un poste à l’étranger, oui, il est probablement plus privilégié que la majorité des Français. Il aura cependant probablement travaillé fort afin d’accéder à cette opportunité professionnelle. Il se verra certainement offrir une belle rémunération ainsi que des avantages. Ce n’est pas pour autant qu’il ne vivra pas des moments difficiles, loin de ses proches et de son pays. Quant aux expatriés qui partent sans filet de sécurité, ils devront se débrouiller seuls pour trouver un travail dans un marché de l’emploi parfois compliqué, gérer les démarches administratives, faire face à leurs doutes… Certains prendront le risque de quitter une carrière toute tracée en France, perdront leur protection sociale française, et tous les avantages que la France peut offrir. Il faut donc être lucide : si l’expatriation offre des moments de vie merveilleux dans des destinations qui font rêver comme la Thaïlande, le Portugal, le Mexique, la Malaisie, Hong Kong, la Nouvelle-Zélande… Ce n’est pas au prix de quelques sacrifices qu’il faut être prêt à accepter !

Cliché N°10 : tu rentres te faire soigner en France

Le système de santé français et l’assurance maladie et la qualité des services en France sont reconnus dans le monde entier. La barrière de la langue, la qualité des soins et du système de santé local, ou une méconnaissance de la prise en charge sur place peuvent amener les expatriés à préférer se faire soigner en France. Mais cela n’est pas une vérité absolue. Faire 9h de vol pour aller voir son dentiste en France paraît peu envisageable ! En revanche, il est vrai que beaucoup d’expatriés profitent de leur retour en France pour un accès à des soins de santé spécifiques, des examens, des analyses, ou opérations (souvent en partie pris en charge par l’assurance maladie). Mais ne croyez pas qu’il existe une solution idéale : tout dépend bien évidemment du pays dans lequel vous êtes installés. Pour ma part, j’ai toujours choisi de me faire soigner localement pour tout ce qui concerne les soins du quotidien, et même pour le suivi de mes grossesses et mes accouchements (et ce, même en vivant dans des pays dont le système de santé ne fait pas rêver !). Attention cependant aux coûts de la prise en charge de ces soins qui peuvent, selon les pays, grimper très vite !

Bon à savoir : Sachez que vous pourrez bénéficier d’une prise en charge par la Sécurité Sociale française pour vos urgences médicales à l’étranger, et ce jusqu’à trois mois après votre départ. Au-delà, nous vous recommandons de souscrire à une assurance privée internationale.

Finalement, où est-il facile de s’expatrier en 2024 ? Dans quels pays fait-il bon vivre ?

Vous vous demandez où partir vivre à l’étranger quand on est français ? Quel pays accueille le mieux les français ?

Dernièrement, plusieurs destinations d’expatriation attirent particulièrement les français. Le Canada fait beaucoup parler de lui par sa qualité de vie et ses opportunités professionnelles.. L’Australie et le Brésil fascinent avec leurs grands espaces. Le Portugal attire pour sa douceur de vivre.

Pour choisir votre destination idéale, considérez ces facteurs clés :

• La barrière linguistique et la facilité d’intégration
• Les perspectives d’emploi dans votre domaine
• Le système de santé et d’éducation
• Le coût de la vie et les avantages fiscaux
• La sécurité

Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de meilleur pays pour vivre que celui dans lequel vous vous sentez bien. Il est important de ne pas croire que vivre dans une destination paradisiaque (Thaïlande, Mexique,…) que vous avez découvert lors d’un voyage vous offrira une vie meilleure. Vivre à l’étranger est une expérience riche et incroyable, mais cela ne résoudra pas tous vos problèmes ! Si j’ai bien appris une chose, c’est qu’il y a toujours une différence entre la vie que l’on idéalise et la réalité de ce qu’on vit. Toujours décidé à partir ? Alors suivez la checklist !

Pauline Bouveau
Expatriée et rédactrice chez femmexpat.com