Quelle est la durée idéale d’une expatriation ?

Pour quelques mois, quelques années ou pour toute la vie, la durée d’une expatriation varie selon le contexte dans lequel elle est initiée : opportunité professionnelle, projet personnel, contexte familial ou encore choix de la destination. Existe-t-il une durée idéale pour profiter au maximum de cette expérience ? Quels sont les avantages d’une expatriation “express” et ceux d’une expatriation plus longue ? On fait le point.

Quels sont les avantages d’une expatriation courte ?

Il n’est pas rare de voir des entreprises françaises ou internationales proposer des missions de courte durée à l’étranger à leurs collaborateurs. Sans pour autant vouloir créer un poste d’expatrié, ces employeurs envoient une partie des effectifs sur des courtes missions au sein de leurs filiales à l’international, le temps de quelques mois, en tant que salariés détachés par exemple. Cette stratégie comporte de nombreux avantages et notamment une grande flexibilité pour l’entreprise : les collaborateurs viennent compenser un manque de compétences localement, pour une durée limitée. Le salarié détaché conserve un lien contractuel avec l’entreprise mère et dans certains cas avec la sécurité sociale française. Les entreprises n’ont pas à financer tout le “package” qui va avec le contrat expatrié classique (prise en charge du logement, de la scolarité des enfants, de la santé, etc). L’expatrié détaché part généralement seul, sans sa famille. Il conserve ainsi sa résidence principale en France, son contrat de travail avec le même employeur et n’a pas besoin de se “déraciner” ni d’effectuer de trop lourdes démarches administratives comme ce serait le cas dans le cadre d’une expatriation de longue durée.

Une expatriation à durée déterminée d’un an : trop court ?

Les expatriations de quelques mois ou d’une année sont fréquentes et notamment dans le contexte du contrat de détachement. Si elles ont l’avantage d’être plus simples et plus flexibles qu’un séjour de longue durée, les expériences courtes ne sont pas sans challenge. En effet, partir vivre dans un nouveau pays va vous demander beaucoup d’efforts et d’énergie. S’intégrer à la culture du travail qui peut être différente de son pays d’origine, parler une langue que l’on maîtrise peu (ou pas du tout), trouver une nouvelle routine de vie loin de ses repères… Tout cela ne se fait pas en quelques jours, et il peut être frustrant de ne pas avoir assez de temps pour trouver ce rythme de croisière. En expatriation, on dit qu’il faut plusieurs mois, voire une année, avant de trouver vraiment ses marques, alors difficile d’imaginer pouvoir s’installer réellement en seulement quelques mois. Cependant, si vous avez l’opportunité et l’envie de vivre cette expérience grâce à votre entreprise d’origine, ne ratez pas cette occasion qui sera peut-être la seule de votre vie ! Vous aurez ainsi la possibilité d’avoir un aperçu de la vie à l’étranger, et vous pourrez en profiter pour tester vos capacités d’adaptation, tout en gagnant en compétences sur le plan professionnel. Peu importe la durée de cette expérience, vous en reviendrez très certainement grandi !

Et pour un travailleur expatrié ?

L’expatriation ou le détachement d’un an dans le cadre d’une activité professionnelle en tant que salarié et avec un contrat de travail peut représenter un formidable bond dans une carrière. Dans ce cas précis d’une mobilité internationale, vous pouvez même négocier à la hausse le paiement de votre rémunération avec votre employeur. Veillez à bien vous renseigner sur vos droits à la sécurité sociale et aux dispositions à prendre avant de partir. La prise en charge varie selon si votre pays d’accueil est membre de l’UE et selon les conventions en vigueur.

Quelle est la durée moyenne d’une expatriation ?

Selon l’étude annuelle Expat Insider (1), menée par le site Internations, 21 % des expatriés prévoient de rester à l’étranger pour une durée de 5 ans ou plus, et 34 % envisagent l’expatriation à vie. Des chiffres similaires aux dernières études menées il y a quelques années (2) à l’échelle française par la Maison des Français de l’Etranger (MFE). En effet, il en ressortait que 20 % des Français vivaient à l’étranger pour une durée se situant entre 5 et 10 ans.

(1) Etude menée en 2024 auprès de 12 543 expatriés de 175 nationalités différentes, vivant dans 174 pays.
(2) Etude menée par la MFE en 2014 auprès des Français expatriés.

Quel est l’âge idéal pour s’expatrier ?

On peut s’expatrier à tout âge ! Certains partent pour la première fois à l’âge de 45 ans ou plus, mais s’il devait y avoir un âge idéal pour vivre cette aventure pour la première fois, il se situerait plutôt autour de 25 ou 30 ans. Certains étudiants ont la chance de pouvoir partir à l’étranger dans le cadre d’un échange universitaire ou d’un stage. Une fois les études terminées, les VIE et VIA sont un superbe tremplin professionnel offrant aux jeunes, âgés de 18 à 28 ans, la possibilité de travailler à l’étranger. Dans certains pays, les visas Vacances – Travail (PVT) permettent aussi de vivre et travailler dans un pays étranger, comme le Canada ou encore l’Australie.

Franchir l’étape de la première expatriation lorsqu’on a déjà commencé une carrière en France depuis plusieurs années peut être un peu plus difficile. La peur de tout recommencer, de changer de vie alors qu’on est déjà bien installé, mais aussi de devoir déménager avec toute sa famille, font partie des freins que l’on peut rencontrer lorsqu’on envisage une expatriation sur le tard.

Mon expérience personnelle : expatriée française à 25 ans

Les déménagements et les installations ont été beaucoup plus intenses depuis que nous sommes parents ! Préparer un déménagement avec un bébé de quelques mois dans les bras, choisir la bonne école et la bonne crèche, visiter des logements… Trouver son rythme de croisière prend beaucoup plus de temps lorsqu’on s’expatrie en famille car nous devons maintenant gérer deux petites personnes en plus de nous-même ! Lorsque les enfants grandissent, il est aussi plus difficile de leur faire accepter le départ d’un endroit où ils avaient leurs repères, leurs copains d’école et leurs petites habitudes.

Mais lorsque l’on s’expatrie loin de sa famille, on peut se sentir aussi beaucoup plus seuls en tant que jeunes parents. Une des plus grandes difficultés que j’ai connue a été celle de l’isolement en tant que jeune maman. Faute de trouver une nounou de confiance dans mon pays d’expatriation, j’ai décidé de mettre ma carrière professionnelle en stand-by pour m’occuper de mon bébé. Et oui, il faut le rappeler, lorsqu’on est expat et parent, on a souvent moins de relais pour nous aider avec les enfants. Ce village dont nous avons besoin en tant que jeune parent est difficile à construire lorsqu’on arrive dans un nouveau pays. En expatriation, pas de grands-parents pour s’occuper des enfants les mercredis après-midi ! »

Mon conseil : partez le plus tôt possible si vous le pouvez. Lorsqu’on est jeune, on a toute l’énergie pour se lancer dans ce projet. Avec des enfants, cela vous demandera plus d’énergie, mais ce n’est pas une raison pour vous limiter pour autant. Je suis arrivée à l’île Maurice avec mon bébé d’un an et mon mari, sans travail pour chacun de nous deux, mais avec la conviction que nous étions là où nous voulions être ! C’était une idée un peu folle quand j’y pense, mais nous avons vécu trois années extraordinaires et je n’ai aucun regret, malgré les difficultés rencontrées lors de notre arrivée.

Où s’expatrier pour sa retraite en 2024 ?

Et pourquoi ne pas partir s’expatrier pour la première fois à l’âge de la retraite ? Il n’est jamais trop tard pour se lancer ! En 2023, 7% des retraités français vivaient à l’étranger, avec une grande préférence pour le Portugal et l’Espagne. Parmi les motivations de ces expats séniors, on retrouve principalement la recherche d’une meilleure qualité de vie, de préférence dans une destination au soleil. Outre l’Europe du Sud, où les retraités français sont des milliers à avoir posé leurs valises, les pays du Maghreb (Maroc, Tunisie, Algérie) font également partie des destinations préférées des retraités pour démarrer une nouvelle vie.

Ces destinations ont l’avantage d’offrir un coût de la vie plus bas qu’en France, mais aussi un climat plus agréable. Enfin, rappelons que de nombreux pays ont mis en place des politiques d’émigration à destination de ce type de public (visas retraites, avantages fiscaux, etc). Le Maroc et le Sénégal font par exemple partie de ces pays qui proposent un abattement fiscal particulièrement attractif.

Comment se passe l’expatriation ?

Les Avantages ?

Au-delà de cinq années passées à l’étranger, on parle plutôt d’expatriation longue. Vous commencerez à prendre goût à ce mode de vie et à être à l’aise dans vos baskets. Cela vous permettra aussi de vous installer durablement dans votre pays d’adoption, en achetant par exemple votre maison, ou en créant votre propre entreprise sur place. L’expatriation longue permet également une véritable immersion dans votre pays d’accueil, et offre la possibilité de mieux connaître la culture de ce pays, d’apprendre la langue locale et d’être à l’aise avec les règles générales, les us et coutumes.

Pour certains expats, l’expatriation à durée indéterminée est également un projet de famille. Élever ses enfants à l’étranger, leur offrir une ouverture sur le monde, un nouveau point de vue sur d’autres cultures. Leur faire prendre des cours de langue ou encore évoluer dans un cadre de vie différent est une chance incroyable pour ces petits expatriés !

Et les inconvénients ?

Vivre à l’étranger pendant plusieurs années, voire toute sa vie, implique inévitablement d’être loin de ses proches (d’autant plus lorsqu’on vit à des milliers de kilomètres de la France) et donc d’être constamment tiraillé entre son pays d’origine et son pays d’adoption. Vivre loin de ses proches n’est jamais facile, même lorsque l’on a choisi ce mode de vie et qu’on s’y épanouit pleinement. On rate souvent des événements importants : anniversaires, mariages… Et on est même souvent peu présent pour certains moments de vie difficiles, comme le maladie ou la perte d’un proche.

Enfin, s’expatrier pour plusieurs années amène aussi à vivre très souvent dans ses valises lorsqu’on rentre en France pour les vacances : on a souvent envie de profiter de nos congés pour aller voir nos proches en France. Passer une semaine dans la belle-famille, une seconde dans la nôtre, et une dernière pour voir les amis proches est le programme type de bon nombre d’entre nous !  Les vacances d’été de l’expatrié consistent à faire et à défaire ses valises un nombre incalculable de fois ! C’est parfois frustrant de ne pas pouvoir profiter pleinement de toutes ces personnes importantes dans nos vies. Attendez-vous également à devoir faire un choix entre voyager ou rentrer en France : malheureusement, les congés sont rarement illimités !

Pauline Bouveau
Expatriée et rédactrice chez femmexpat.com